« S’il est encore un buzzword pour ses initiés, le métavers n’est plus une nouveauté pour ses passionnés car il existe depuis plus de 20 ans. Côté B2B, les opportunités ayant trait au métavers existent déjà et les industries à haute intensité capitalistique utilisent déjà l’indéniable potentiel de monétisation des mondes virtuels sous diverses formes »
(source : METADAYS 2022)
Le Metaverse, ça existe ou pas !?
Il y a tout juste un an (à la date où j’écris), Facebook devenait « Meta », s’appropriant le mot « Metaverse », pour certains dans l’indifférence totale, pour d’autres en entrant directement dans le top 10 des polémiques ultra-clivantes sur les réseaux sociaux.
Aux deux extrémités du champ de bataille, si on schématise grossièrement : plutôt des inconditionnels de culture Cyberpunk (1), face à des annonceurs (2) en quête de marketing viral, et au milieu, des acteurs en train de structurer leurs services.
Le tout se jouant devant un public souvent dubitatif et perdu dans cette nébuleuse d’annonces et articles de pléthore de “grand spécialistes”.
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- (1) Les premiers sont fans d’utopies ou de dystopies en particulier du roman Snow Crash*. Ils rêvent de parcourir avec leur alter-égo un monde parallèle numérique proche du nôtre, où tous les fantasmes sont possibles, décrivant un univers technologiquement avancé mais plutôt désorganisé. Pour eux, LE Metaverse n’existe pas encore.
- (2) Les seconds sont publicitaires, et dès que l’on parle d’un espace partagé en ligne, d’un casque de réalité virtuelle, ou d’une expérience 360°, font surgir ce mot magique, “Metaverse”, comme dans le-jeu-du-mot-mystère à placer à tout prix lors d’une soirée, même si personne ne comprend à quoi ça sert !
* Snow Crash, de Neal Stephenson – 1992 : l’auteur décrit dans son roman un univers plutôt apocalyptique auquel les personnages peuvent momentanément échapper en plongeant dans un univers parallèle en réalité virtuelle, un “méta-univers”, qu’il nomme le Metaverse. Le préfixe grec META étant particulièrement bien choisi, puisque suivant le contexte, il exprime tout à la fois la réflexion, le changement, la succession, le fait d’aller au-delà, à côté de, entre ou avec. On retrouve ce type d’échappatoire dans le film “Ready Player One” de Spielberg.
Mais du coup… qui a raison ?
La réponse n’est pas simple, et disons qu’il existe aujourd’hui des embryons de ce nouveau monde, des « protometaverses » avec chacun leurs usages.
franchement, on en a des exemples utiles ?
Qui dit usage dit besoin en amont. Paradoxalement, notre business dans l’industrie des outils immersifs a commencé par des questions relatives à nos loisirs. Dans l’équipe, on aime la mer (on habite à côté), et on est plongeurs. Il y a quelques années, chargé par mon club de dispenser les cours de théorie de plongée sous-marine, je constatais que rien n’avait changé en 70 ans d’existence de la plongée récréative : les technologies avaient évolué, pas la méthode ! A l’ère du Web 2.0 et du Gaming en 3D, on en était resté aux bouquins « pavés » plein de formules, et aucune solution mise en place pour contourner les problèmes les plus récurrents :
- expliquer des choses parfois barbantes et/ou complexes (cours de physique, de biologie, exercices répétitifs, salles de formation inadaptées,…)
- mettre en œuvre du matériel lourd et ultra-technique, limité en quantité, long à préparer et uniquement par des opérateurs certifiés pas toujours disponibles (bouteilles de plongées, gonflage haute pression, créer des mélanges gazeux différents, … )
- réunir au même endroit au même moment les apprenants pour optimiser la ressource en encadrants
- vérifier les acquis dans un milieu qui peut devenir très hostile (loin sous l’eau) si on a mal assimilé le cours
Se former simplement…
OK, mais ceci posé, il fallait trouver l’outil adapté…
Quoi de mieux pour lever ces freins qu’un environnement qui ressemblerait au nôtre : immersif, spatialisé à 360°, dans lequel on pourrait tous s’inviter et discuter comme en vrai, se rejoindre en 2 clics sans avoir besoin de sa voiture ?
Et si en plus on pouvait y distribuer autant de matériel que l’on veut, faire varier les lois de la physique, mourir 3 fois par heure d’accident de décompression et ressusciter… le tout par avatar interposé, depuis son canapé avec une boisson fraiche à la main ?
En 2007, un monde immersif en ligne permettait tout ça : Second Life®, et on en a profité !
Un de nos magasins franchisés dans Second Life, où l’on peut acheter les équipements de simulation
pour aller suivre ses cours, ou expérimenter la plongée en temps réel (environ 15000 tenues vendues)
L’avantage de cet outil, c’est qu’il est accessible de n’importe où et par n’importe qui via une connexion Internet. Il n’en a pas fallu plus pour éveiller la curiosité de PADI® (6600 centres et bases de plongée et plus de 128 000 membres professionnels) et le travail bénévole pour le club de plongée s’est transformé en entreprise spécialisée dans l’immersion. Depuis, la formation est dispensée virtuellement par PADI®, via notre marque d’équipement de simulation de plongée « subOceana® » (ne surfez plus, plongez dans le web).
Douze ans après ses débuts, en pleine pandémie, on a dû lui faire un lifting pour accueillir de nouvelles fonctionnalités, pour venir au secours de clubs dont les salles de formation s’étaient vidées de leurs adhérents ! A ce jour, la session de formation coûte 250€ et délivre le même certificat pour tout le monde, qu’elle soit dispensée en club de plongée ou dans Second Life®.
Complete your EANx Specialty Online and in a 3D Virtual World
Enriched Air Diver is PADI’s most popular specialty for certified divers. It’s also a great way for qualified divers from any training agency to earn a PADI certification. You’ll do this online with the new PADI Enriched Air Diver eLearning and in a stunning 3D virtual environment where you’ll experience highly realistic gas analysis and scuba diving simulations. This immersive technology provides an unparalleled learning experience.
Dis, c’est comment à l’intérieur ?
Le Metaverse n’est pas un jeu vidéo. On peut en effet y créer des jeux, mais c’est avant tout un outil ouvert, entièrement paramétrable par ses utilisateurs. C’est une évolution de l’utilisation d’internet dont les principales propositions de valeurs sont :
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- Un monde numérique, spatialisé et immersif, construit par ses utilisateurs
- Persistant (quand j’éteins mon PC, le monde continue à vivre)
- La capacité à interagir avec les éléments virtuels de l’environnement et avec d’autres utilisateurs
- La capacité à gérer son avatar (l’apparence, les gestes, la démarche, les expressions, …). Avec vue subjective en immersion casque VR et/ou avatars à la 3ème personne (piloté et vu de l’extérieur). Avatars pérennes.
- L’ubiquité (être en plusieurs lieux en même temps en pilotant plusieurs avatars si on le souhaite)
- Une diversité des utilisateurs et des communautés
- Une liberté, non contrainte par des règles morales arbitraires
- Un univers qui possède sa propre économie
- Un outil interopérable, avec la capacité à gérer ses possessions et passer d’un environnement à l’autre si différentes briques du Metaverse étaient basées sur différentes technologies
- Un outil multi-plateformes (PC, MAC, smartphones, casques de réalité virtuelle, réalité mixte…)
- La décentralisation et la sécurisation (les données sont certifiées, et le système appartient aux utilisateurs, pas à une seule entité)
Ces propositions s’organisent en 7 couches, dont voici un modèle :
Building the Metaverse ©JonRadoff
Internet est de plus en plus spatialisé, de plus en plus immersif, et tire parti des environnements 3D issus du gaming, mais à ce jour aucune plateforme ne coche toutes les cases du concept : tout se construit par briques.
Mais alors, qui gère ce monde parallèle ?
« The metaverse is not “a metaverse”. It is the next generation of the internet: a decentralized multiverse, led by a new and abundant generation of creators ».
Jon Radoff
Cyberpunk 2077 : l’après 4ème guerre des entreprises, connue sous le nom de “guerre des océans”
Lorsqu’une seule entité, privée ou étatique, a le monopole sur les données utilisateurs et les canaux de diffusion, on connait les problèmes d’excès ou inversement de censure qui en découlent : Twitter, Facebook ou TikTok en sont les exemples quotidiens. La centralisation de l’information pose aussi la question de la cybersécurité : en Europe dans la plupart des grandes entreprises sensibles, il est interdit d’utiliser les outils de développement numériques américains, afin d’éviter la fuite des données.
En théorie, la décentralisation est la brique principale de l’esprit Metaverse, mais encore loin d’être efficiente. C’est LA source de polémique autour du « META » de Mark Zuckerberg, devenu le symbole d’un outil monopolistique et quasi totalitaire.
Mark vs V, ©explorations360
Ce sentiment est d’autant plus fort que tout se joue autour d’une mouvance à la croisée explosive des mondes cyberpunk et libertariens*. C’est à la fois un b(r)ouillon de culture(s) et une philosophie qui prône une société fondée sur la liberté de chacun, où prime l’initiative individuelle. On s’y organise et coopère comme on l’entend, selon des principes d’autonomie, de responsabilité, d’engagement. Le libertarianisme se fonde aussi sur le contrat privé, le droit de propriété, le marché et la libre-entreprise, le rôle de l’Etat s’y limite à celui d’arbitre et de protecteur de l’espace de liberté de chacun.
* Le courant libertarien classique (anarcho-capitalisme, minarchisme de droite, etc…) est un courant philosophique qui énonce des principes de liberté individuelle forts. Ce courant est renforcé par un libertarianisme de gauche y ajoutant une thèse égalitaire sur la propriété des ressources naturelles.
Voir en bas d’article le lien vers la déclaration d’indépendance du cyberespace de John Perry Barlow.
Il existe aujourd’hui des bribes d’outils décentralisés, avec des plateformes comme The Sandbox ou Decentraland, s’appuyant sur les technologies de Blockchain (c’est “une” des briques du WEB3). Pour vulgariser, tout y est sécurisé et le principe de fonctionnement est que les données et transactions sont partagées simultanément sur les appareils de tous les utilisateurs ; ainsi personne ne peut appuyer sur un bouton « Off ».
Le mathématicien Jean-Paul Delahaye donne l’image d’un “très grand cahier que tout le monde peut lire, librement et gratuitement, sur lequel tout le monde peut écrire, mais qui est impossible à effacer et indestructible”.
Bien que tous ces objectifs soient loin d’être atteints, les interfaces sont en train de s’enrichir, les outils de construction sont de moins en moins limités, et l’accessibilité a été bien améliorée.
Ok, du coup, pour les pros, où va-t-on ?
Même si les outils sont plutôt sympas à utiliser, mis à part pour des séances d’acculturation ou de Team Building, on hésitera à déployer en entreprise des plateformes comme META, entre-autres à cause du côté RGPD plutôt sensible, ou du lien pour le moment incontournable avec un compte Meta (Facebook ).
Il n’existe pas non plus d’alternative décentralisée vraiment simple à déployer en milieu pro pour des usages courants comme les salons ou meetings virtuels. Ces solutions s’accompagnent d’une connexion permanente à Internet (avec des temps de réponse réseau fluctuants, WEB3 oblige) ce qui n’est pas toujours simple en fonction des pares-feux ou des usages (pédagogie déportée par exemple).
Il faut aussi rappeler le fonctionnement très énergivore et encore souvent assez lent pour valider des opérations, même simples, via le système Blockchain. Les plateformes comme Decentraland sont encore loin d’être des outils où l’expérience utilisateur est fluide, et leur avenir, dans ce contexte d’interface dégradée, reste incertain.
tout ce bruit pour rien ?
Non ! Pas pour rien ! Nous sommes en train de changer la manière d’appréhender la diffusion de l’information et des savoirs. Même si le WEB3 n’existe pas encore dans sa version ultime, il se construit par briques fonctionnelles. Si aujourd’hui ces briques ne sont pas toutes assemblées ou interopérables, elles sont déjà efficientes dans leurs domaines propres et ont apporté leur lot de changement, de nouveaux services et usages :
pour les loisirs
- une facilité accrue pour jouer en réseau, créer, discuter, assister à un spectacle, le cybersexe (et oui… c’est souvent un moteur non négligeable), se former, faire découvrir son univers, …
au travail
- manipuler le jumeau numérique d’une ville directement dans son navigateur web
- utiliser la simulation en temps réel pour la formation, l’onboarding, …
- visiter un site industriel à distance, via un casque de réalité virtuelle
- discuter à plusieurs dans une salle de « 3Dconférence »
- présenter un produit, une idée, un lieu, un patrimoine à distance mais dans le même espace virtuel
- parcourir un salon, un évènement en temps réel et assister à des conférences, interagir à distance
- …
Prominent Use Cases for the Metaverse, source: Citi Global Insights
Ces changements sont bien perçus dans tous les secteurs : du tourisme à l’industrie, en passant par la formation, nous avons bien vu bouger la ligne et les exigences clients. La demande va au delà de l’intégration “au” Metaverse, en passant par une volonté d’utiliser des outils innovants ou différenciants pour la communication et le travail.
Au début du WEB1 (l’internet des pages reliées entre-elles), on causait au clavier et naissait Powerpoint pour les présentations.
Pendant le WEB2 (l’internet des utilisateurs connectés entre eux), on causait en visioconférence et naissait Prezi pour les présentations, Moodle pour les formations.
A l’arrivée du WEB3 (l’internet des données certifiées et immuables), on cause déjà en 3D spatialisée, et…
… et comme on est sur notre Blog, un peu de communication sur notre boulot 😋, parce que justement, en parallèle de notre travail d’exploration/exploitation du Metaverse, explorations360 est né de ce constat d’évolution des usages :
Les outils s’adaptent aux évolutions du web et au public arrivant sur le marché du travail, élevé à Habbo, World of Warcraft, Roblox, Minecraft, Fortnite (et leurs moteurs économiques puissants). On se concentre sur les contenus, sur le Storytelling, la demande est croissante concernant la simplification du processus de création, montage scénarisation et publication 360°.
Si vous voulez explorer le Metaverse, comprendre et anticiper la disruption qui est en train de se jouer, vous l’aurez compris, nous pouvons aussi vous accompagner et vous emmener sur nos terrains virtuels. Et allez, vous pouvez aussi vous essayer au ” Powerpoint de l’ère WEB3 ” : explorations360, capable même de s’intégrer à votre learning management system.
Vous êtes aussi les bienvenu(e)s pour une (vraie) plongée en Bretagne !
📢Retrouvez-nous les 29 & 30 NOVEMBRE 2022 à PARIS
au Centre de Congrès Rive Montparnasse, Stand S11 pour les METADAYS !
Pour aller plus loin :
1) La Déclaration d’Indépendance du Cyberespace
https://www.explorations360.com/declaration-dindependance-du-cyberespace/
2) rapport du gouvernement français. Ce rapport, sous l’angle du Metaverse, reprend un état de l’art et une prospective relative aux outils numérique au sens large.
Ma première marque, subOceana, est née dans un métavers, en 2007… Souvent, j’entends que l’on me case comme spécialiste, le gars d’en face, creative technologist, ancien élève, gamer, visionnaire, geek, CEO, CTO, …
Les étiquettes, je n’ai jamais vraiment aimé ça ! Chaque communauté a son langage, chaque corps de métier son jargon. Suivant les mondes dans lesquels on évolue ou les gens que l’on croise, ce qui fait sens dans un cas peut s’avérer complètement ridicule dans l’autre.
Ce que j’aime vraiment : apprendre, partager, passer des heures sur des freins technologiques, détourner les outils de leurs fonctions premières, innover* dans l’usage pour au final faciliter la vie aux utilisateurs. Vous savez, un peu comme quand vous passez du temps à cuisiner un plat compliqué, en ayant en tête le plaisir de la simplicité et de la convivialité qui vont suivre. Un client (les nôtres sont des professionnels), qui peut s’approprier facilement la technologie, et en particulier ici la réalité virtuelle, s’en servira pour augmenter ses capacités à créer, former, communiquer, partager et faire rêver son propre public.
Et, j’ai hâte de découvrir vos univers !
*Innover : parler 6 mois avant les autres de choses… que l’on pratique depuis 10 ans dans l’indifférence générale parfois teintée d’un peu de moquerie 😉